Incendies d’immeubles insalubres à Paris : que le Maire prenne ses responsabilités !

Publié le par Antonin Prade

A la suite des terribles incendies qui ont ravagé, fin août 2005, les immeubles du boulevard Vincent Auriol, dans le 13ème arrondissement, et de la rue du Roi Doré, dans le 3ème, tous deux occupés par des familles africaines aujourd’hui endeuillées, Betrand Delanoé a, dans une tribune dans le journal Le Monde du 31 août , déploré ces drames et exigé une mobilisation de chacun pour résoudre les problèmes de logement des plus démunis à Paris et en Ile-de-France

Loin de nous l’idée de remettre en cause la sincérité de son émotion, mais dans le cas particulier de l’immeuble du 3ème arrondissement, propriété de la Ville de Paris, via la SIEMP, celle-ci aurait été crédibilisée par un mea culpa de sae part, que les familles des victimes ainsi que les citoyens parisiens sont en droit d’attendre, et attendent toujours. 

 

En effet, nous avons pu constater que la Ville de Paris avait laissé vivre pendant plusieurs mois des familles africaines dans un immeuble insalubre et sans eau courante, à l’installation électrique bricolée, aux cuisines de fortune et donc vulnérable aux incendies. Par ailleurs, tout laisse à penser que cette situation n’aurait pas évolué avant de nombreux mois. Dans ces circonstances-là, on a la dignité de ne pas évoquer les « délais légaux » ou le calendrier des travaux comme des excuses à son inaction. 

Nous avons également appris que le propriétaire originel de l’immeuble, squatté dès 1999, en avait été exproprié en septembre 2004, sur demande de la mairie car il n’avait pas rempli ses obligations de travaux et d’entretien dans un immeuble… où il n’avait pas pu pénétrer en 5 ans, malgré plusieurs décisions de justice en sa faveur. Dans ces circonstances-là, on a la décence de ne pas dénoncer « les décennies d’inaction et d’indifférence ». 

Lorsqu’un hôtel a brûlé rue de Provence, en avril 2004, les « marchands de sommeil »  ont d’abord été des responsables tout désignés, mais lorsque brûle un immeuble appartenant à la ville de Paris ou à l’un de ses satellites, tout le monde est responsable ; c’est évidemment le problème de l’Etat et du Gouvernement, qui font si peu pour le logement social ; c’est bien sûr l’héritage de l’opposition municipale, dont la gestion précédente était si désastreuse ; ce sont les conséquences de la spéculation immobilière, mère de tous les maux ; c’est enfin la responsabilité de chacun des citoyens, enjoint d’agir par le biais d’une culpabilisation sournoise et médiatique. 

La vérité est plus simple, mais un peu plus amère : la Mairie de Paris a laissé des gens vivre, et mourir, dans des locaux insalubres dont elle était propriétaire, avec toutes les obligations liées au statut de propriétaire d’un immeuble (travaux, entretien, obligation de sécurité etc.). 

Si l’on souhaite résoudre la question du logement social à Paris et en Ile-de-France, c’est de courage politique et de bon sens économique dont on a besoin. Or, le courage en politique ne consiste pas à laisser des populations déshéritées, voire sans permis de séjour, s’entasser dans des immeubles insalubres et dangereux au nom d’un droit au logement théorique et inapplicable. Le courage en politique, c’est de prendre des arbitrages difficiles mais qui préparent l’avenir. 

Publié dans Paris

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