Au bout d'une certaine logique
Ca y est. L'ex-social-démocrate Dominique Strauss-Kahn a définitivement choisi sa voie : en proposant, dans son rapport sur la fiscalité commandé par la candidate Ségolène Royal de taxer les français vivant à l'étranger, il s'inscrit dans la logique imbécile et suicidaire du Parti Socialiste français de refus aveugle de la mondialisation, des échanges financiers, commerciaux et humains, de la compétitition qu'elle impose, mais aussi des opportunités et des richesses qu'elle génère.
Ses mots sont explicites : « Il n’est plus acceptable que des citoyens français parviennent à échapper à l’impôt en s’installant hors de France. Nous proposons de définir une contribution citoyenne qui sera payée en fonction de ses capacités contributives par tout Français établi à l’étranger et ne payant pas d’impôt en France ».
Outre que cette mesure paraît inapplicable en vertu du principe juridique de territorialité de l'impôt, elle bute sur des questions légitimes et des obstacles apparemment insurmontables : les français établis à l'étranger paieront-ils ainsi deux fois leurs impôts, dans leur pays d'origine et dans leur pays d'accueil ? DSK propose-t-il la mise en place d'un fisc global sous l'égide de l'ONU pour traquer les Français installés à l'étranger? cette mesure concerne-t-elle les binationaux (qui risquent d'être surpris par la mesure)? Si l'on rattache l'impôt à la nationalité et non au territoire, les étrangers vivant en France pourront-ils être exemptés de l'impôt français? ou au contraire, les socialistes français ne vont-ils pas finir, en allant au bout de leur logique, par demander aux étrangers ne résidant pas en France une contribution pour financer notre administration et notre sécurité sociale? Cela serait naturellement justice au vu de ce que la France apporte au reste du monde.
En résumé, ce pauvre DSK croyait avoir sorti de son chapeau une idée innovante ; il a juste sorti une énorme absurdité économique, juridique et politique. Connaissant la duplicité du bonhomme, on peut le soupçonner d'avoir balancé à dessein dans le programme royaliste ce ridicule paquet-surprise, qui paraîtrait presque cohérent dans le grand n'importe quoi de la campagne et des idées de Madame Catastrophe.
En revanche, cette sortie marque, pour le presque unique, et en tout cas le plus emblématique, représentant de la social-démocratie française, le choix du socialisme à la française, bouffi de bonne conscience, empreint de démagogie et seul à avoir raison contre le reste du monde et le bon sens, au détriment du réformisme progressiste que les autres socialistes européens ont choisi.
Tant pis pour le Parti Socialiste, qui a choisi de laisser passer son rôle historique, et qui ne devrait pas tarder à exploser entre des factions se battant pour savoir qui est le plus à gauche, le plus pur, le plus social.
Tant mieux pour l'UDF, qui portera très bientôt l'étendard du réformisme humaniste.